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Les ensembles pastoraux de la commune de Sainte-Engrâce

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Sainte-Engrâce

Fruit d'un héritage multiséculaire, le pastoralisme a produit de nombreuses traces matérielles à Sainte-Engrâce, à l’image des cayolars (cabanes pastorales), des bordes (granges) et de leurs enclos.

Si les modes de construction autorisent à poser l'hypothèse d'une datation comprise entre les 17e et 18e siècles pour les plus anciennes cabanes, la documentation fixe comme terminus ante quem la fin du 18e siècle. Il en va de même pour les granges figurant sur le cadastre de 1830 et dont la mise en œuvre est proche de celle des cabanes. Pourtant, l'absence d'une partie du corpus sur ce même document indique que les modèles considérés ont continué à être construit et utilisé durant le 19e siècle, voire jusqu'au milieu du 20e siècle. Époque à partir de laquelle les granges sont progressivement abandonnées et les cabanes commencent à être remplacées par des équipements modernes.

Selon les états de sections de 1832, les bordes appartiennent à des propriétaires cultivateurs dont l’exte, siège de l’exploitation agropastorale, était située dans la vallée. Les bordes implantées à proximité de leur ferme devaient être occupées durant l’hiver. Les troupeaux de brebis étaient alors mis en pâture aux alentours et régulièrement changés de prés afin de ne pas épuiser la ressource en herbe. En plus des prairies, les bêtes pouvaient également bénéficier du fourrage remisé à l’étage des bordes dans lesquelles elles trouvaient abri. Plus haut sur la montagne, les granges, parfois associées à des cabanes, servaient à accueillir les troupeaux et leurs bergers aux printemps avant la transhumance. Les enclos qui ceinturent les prés assuraient ainsi une double fonction : en hiver, ils servaient à contenir les troupeaux qui s'y nourrissaient et durant l'été, ils protégeaient la prairie des bestiaux afin de garantir la récolte.

Les cayolars mentionnés dans les états de sections du cadastre de 1832 appartiennent en indivision à des propriétaires cultivateurs résidants à Sainte-Engrâce ou, plus rarement, dans les communes limitrophes. La cabane et son parcours constituent un bien rustique commun, utilisé par les propriétaires des fermes détenant des parts de propriétés ou txotx. À partir de la mi-mai, les propriétaires dotés de txotx envoient leurs troupeaux et leurs bergers gîter dans les olhak et leurs enclos. Malgré l’absence d'élément datant, la complémentarité manifeste des cabanes pastorales et de leurs enclos de pierres sèches permet de poser le postulat d’une contemporanéité d’usage, voire de construction. L’existence d'un couloir de traite dans les enclos et d'un saloir au sein des cabanes atteste de la présence conjointe de traite manuelle et de transformation fromagère au sein des estives durant la période considérée.

Comme en attestent leurs matériaux de construction et leurs dates portées, les cayolars "modernes" ont été construits entre les années 1960 et le début des années 2000. Malgré un confort accru, ces cabanes fonctionnent sur le même modèle que leurs homologues traditionnels et sont toujours divisées en parts de propriétés. Elles sont les héritières du mouvement d’amélioration des conditions de travail des bergers engagé durant le 3e quart du 20e siècle à l’initiative de la commission syndicale de Soule, avec le soutien du fonds interministériel de développement et d'aménagement (FIDAR).

Périodes

Principale : 18e siècle (incertitude)

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

77 sites pastoraux, principalement des granges et des cabanes pastorales, ont été repérés dans le territoire communal.

Les 64 bordes (granges) recensées sont implantées à une altitude majoritairement comprise entre 500 et 800 m d’altitude. Elles ont pour assiette des parcelles correspondant à l’emprise de la grange, elle-même située dans une parcelle de pré parfois clôturé d’un muret en pierre sèche. Après avoir écarté les édifices insuffisamment documentés, les 50 bordes restantes relèvent d'un même type architectural : un édifice rectangulaire isolé, parfois accompagné d’une cabane, accueillant une bergerie au rez-de-chaussée et un fenil dans le comble.

Les granges sont construites en moellons disposés en assises irrégulières liées avec du mortier de terre. Les angles sont montés en besace à l'aide de blocs grossièrement équarris. Les encadrements des jours sont en pierre ou plus rarement en bois, tandis que les portes ont leurs piédroits en pierre et leur linteau en bois. La couverture est réalisée à l’aide de tôles ou d'ardoises, et, dans certains cas, en lauzes ou en bardeaux.

Les 25 cayolars (cabanes d’estives) identifiées à Sainte-Engrâce prennent place sur des prairies situées à une altitude comprise entre 900 et 1600 m. Les "cabanes traditionnelles" sont les plus représentées avec 19 items. De petite taille et de plan rectangulaire, elles sont dotées d’un rez-de-chaussée unique et d’une entrée disposée sur le mur pignon. Si elles sont construite avec des matériaux similaires aux bordes, elles ne comportent qu'une ouverture accueillant une porte basse en bois. À l'inverse, les "cabanes modernes" sont plus grandes, bien éclairées et sont majoritairement accessibles depuis leurs murs gouttereaux. Au nombre de 6, elles sont construites en béton et couvertes de tôles nervurées.

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